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Acier Corten
Dimensions : L = 9 m, l = 4,60 m, H = 4,60 m
Poids : 14 tonnes.
Reims Campus Croix-Rouge
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Entre sculpture et architecture, entre université et ville.
Dans la notice descriptive que Marino Di Teana adresse au Ministère de la Culture et de la Communication le 19 décembre 1979, il décrit son œuvre comme « une « STRUCTURE » dont les formes s'intègrent aux façades, devenant ainsi un noyau de cette architecture, elle s'y incorpore et établit une unité entre elle et son environnement ».
Le socle de cette sculpture l’isole symboliquement, mais ceci n’empêche pas qu’elle fonctionne globalement comme une œuvre in situ (au même titre que presque tous les 1 % de l'URCA), conçue en fonction des caractéristiques du lieu qui l’accueille. Elle est en effet posée à la frontière entre deux zones urbaines aux formes très opposées. D'une part le quartier Croix-Rouge, grand ensemble des années 1960-1970 où dominent essentiellement les orthogonales, et d'autre part la fameuse Corolle des amphithéâtres, où s'imposent les courbes. Marino di Teana, plaçant sa création au point de contact et de communication entre ces deux espaces, la pense comme un élément de transition entre le quartier où l'on vit, auquel elle emprunte le rythme perpendiculaire de ses parties parallélépipédiques, et le quartier où l'on étudie, cité par les deux demi-cercles qui font écho aux amples structures galbées des bâtiments universitaires.
L’artiste joue sur le penchant de l’œil humain à créer des liens entre les formes, et à les faire dialoguer. Les deux demi-cercles symétriques, s’imposant au regard comme seules courbes de l’ensemble, amènent en effet la pensée à vouloir les resserrer, par glissement horizontal, pour reformer le cercle. Parfaitement statique a priori, l’œuvre s’anime alors par le regard, qui crée en elle un mouvement de fermeture et d'ouverture, comme ceux d'une porte monumentale. La sculpture s’impose ainsi comme l’entrée du campus.
En complément des formes, la cohérence visuelle de l’œuvre dans ce lieu tient aussi à sa couleur, celle de l’acier Corten, un alliage particulier spécialement étudié pour l'extérieur et la résistance aux intempéries, qui s'auto-patine en une couche de rouille aux tonalités caractéristiques. Ce coloris, innovant dans le domaine de la sculpture monumentale avait pourtant fait l'objet de controverses à l’époque de sa mise en place. Certains des commanditaires lui trouvaient alors « un effet discutable et généralement peu apprécié dans la région » , et suggéraient à l'artiste d'utiliser un autre matériau. Dans le procès-verbal de la Commission Nationale des Travaux de Décoration des Édifices Publics du 16 janvier 1980, l'artiste est cité comme ayant lui-même répondu à ces critiques. Il y dit qu'il a essentiellement cherché à intervenir « en forme de contrepoint », et il ajoute que « l'acier Corten est un matériau qui permettrait d'obtenir une grande tension de formes, ainsi qu'une couleur adaptée à son environnement ». Le contrepoint dont parle Marino Di Teana, ainsi que l'adaptation à l'environnement, sont précisément incarnés dans la couleur de sa sculpture. Il suffit en effet de dépasser les connotations négatives stéréotypées liées au mot rouille (qui fait penser a priori à l’altération ou le rebut) pour en apprécier au contraire les qualités colorées, et constater que ce marron rouge, proche de l'acajou, d'une intensité et d'une profondeur extraordinaires, varie en nuances selon les changements de la lumière et de l’humidité. Enfin, dans l'environnement coloré immédiat de la sculpture, où dominent le gris-blanc du béton et les couleurs très vives et saturées des automobiles et des panneaux publicitaires sous le bleu du ciel, c'est précisément la couleur de l'acier Corten, appartenant aux éléments de la Terre et du Feu, qui manque entièrement dans cet espace, et que cette sculpture apporte alors, comme une touche de contraste qui fait « résonner » l’ensemble de ce paysage urbain.