Châlons-en-Champagne

Louis Gillet
Architecte départemental de la Marne (1848-1920)

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Équipement : Enseignement et administration.
Architecte : Louis Gillet (1848-1920),
architecte départemental de la Marne.
Date : 1881.
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ÉSPÉ, ÉCOLE SUPÉRIEURE DU PROFESSORAT ET DE L’ÉDUCATION

Un bâtiment représentatif de l’architecture des Écoles Normales de la troisième République.

Contexte

Le site ÉSPÉ de Châlons-en-Champagne montre un panel diversifié de constructions, depuis la troisième République jusqu’aux bâtiments contemporains. Il prend en effet place depuis 2013 dans les locaux de l’ancien IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), initialement construits pour l’École Normale d’Institutrices, bâtiment datant de 1881, dont l’architecte, Louis Gillet, est également celui du Cirque et de la Halle, le marché couvert de la ville. Il s’agit d’un bâtiment à cours, classique dans sa facture, dont les façades sont une réinterprétation de l’appareillage champenois, alternance de cubes de craie et de briques.

Historique

La loi Paul Bert de 1879, qui fait obligation à toutes les Préfectures françaises de construire deux Écoles Normales, une pour les filles et une pour les garçons, arrive à point nommé pour conforter le projet de réaliser une telle construction, élaboré un an auparavant par le conseil général de la Marne pour son chef-lieu alors nommé Châlons-sur-Marne. Elle coûtera en tout 475 000 francs, apportés par le conseil municipal (qui offre le terrain, au nord du jardin du Grand Jard), la Caisse des écoles et l’État.

Architecture

Le bâtiment originel, achevé en un an à la rentrée de 1881, est en U, présentant alors seulement les ailes centrale et ouest (à droite lorsqu’on regarde le bâtiment de la rue) de ce qui aujourd’hui prend la forme d’un E. L’appareillage est en pierres de taille de couleur uniforme, à laquelle s’ajoute la rythmique colorée d’une alternance brique-pierre, essentiellement autour des fenêtres et aux angles des murs. Le toit d’ardoise est rythmé d’une alternance de lucarnes à deux pans, grandes et petites, avec un fronton central flanqué de part et d’autre de deux globes terrestres symbolisant la portée universelle de la vocation pédagogique de ce lieu, et surmonté de l’emblème RF. Une petite école annexe, avec une classe maternelle et trois classes élémentaires est construite juste à côté. Elle reprend la rythmique bicolore, notamment autour des fenêtres, du bâtiment principal. En 1932 est ajoutée l’aile est, qui donne sa forme générale actuelle au corps principal du bâtiment. Elle est construite à l’identique des précédentes, avec cependant un appareillage de pierres ocre, seul indice de sa construction ultérieure. En contrebas sont également bâtis le gymnase et l’infirmerie. C’est enfin en 1954-55 que de nouveaux locaux sont ajoutés au bâtiment, à l’est. Ils abriteront alors des salles de sciences exactes et naturelles, de dessin et de travaux manuels.

Le bâtiment abritera l’École Normale de Filles de 1881 à 1976, date à laquelle les deux sites châlonnais sont réunis en École Normale mixte. Cette dernière sera mise à la disposition de l’État en 1990 dans le but de la création de l’IUFM de l’Académie de Reims. C’est en 2013 qu’il devient le site châlonnais de l’ESPE. Ce bâtiment a donc toujours été dédié à la formation des enseignants de l’école primaire, quels qu’en aient été le statut et la dénomination depuis la troisième République, sauf entre 1940 et 1944 où la Seconde Guerre mondiale l’a transformé provisoirement en hôpital militaire (réouverture de l’École Normale après travaux à la rentrée 1946).

Ce texte a pu être rédigé en grande partie grâce aux précieuses recherches réalisées par Mr Philippe Régerat, maître de conférence et professeur d’Histoire à l’École Normale, puis à l’IUFM de Champagne-Ardenne, site de Châlons-en-Champagne.

Gaëtan Cadet