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Équipement : Médiathèque.
Architecte : Chabanne & Partenaires.
Date : 2006.
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BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE
ROBERT DE SORBON
Vers une métaphore architecturale
de l’écriture.
Créer un édifice comme
un livre ouvert.
Contexte
L’ancienne bibliothèque universitaire
ayant été démolie en raison de problèmes
structurels, un nouvel édifice aux formes
imposantes se dresse désormais en face
de la montagne de Reims.
La région Champagne-Ardenne souhaite
créer un nouvel édifice exemplaire
en création architecturale. Celui-ci est
alors confié au cabinet de l’architecte
de renommée Jean Chabanne, 5e grande
agence de France au rayonnement
international. Abritant 530 000 ouvrages,
cette opération d’ampleur est dotée
de 1000 places assises.
Elle est conçue comme un projet
pilote afin de généraliser la démarche
Haute Qualité Environnementale (HQE).
La pénétration de la lumière naturelle,
le revêtement extérieur en bois bakélisé
et le choix d’équipements d’éclairage peu
consommateurs en énergie (10kW/h/m²
par an) illustrent les principes de durabilité.
La lumière est diffusée de manière
homogène, en pénétrant indirectement
dans les espaces de lecture, sans
éblouir un seul lecteur.
L’architecte réalise alors une architecture
symbolique dans le respect des principes
urbains initiés lors de la construction
du campus Croix-Rouge en 1972. L’édifice
de 12 mètres de haut s’inscrit dans le vélum
régulier des hauteurs bâties de l’ensemble
des bâtiments existants.
Architecture
La bibliothèque à l’architecture
monumentale se déploie comme un grand
livre à ciel ouvert, situé à la lisière
de la ville et des grands espaces naturels.
Cet édifice emblématique est caractérisé
par une entrée latérale qui mène
à une grande rue intérieure éclairée
de toute hauteur. Elle distribue vers
une fine bande de bureaux administratifs
en amont et vers les espaces de lecture
au coeur du bâtiment en aval. Un immense
volume libre de toute hauteur s’y déploie
alors, baigné d’une lumière intense.
Le bâtiment symétrique joue avec
la lumière, source d’inspiration. Le volume
principal est ainsi cadencé par quatre
cadres légèrement plus grands, revêtus
de bois bakélisé, qui assurent la pénétration
de la lumière par l’est et l’ouest de manière
latérale par des pans vitrés de toute
hauteur et en toiture. La façade nord, côté
campus, est composée d’une paroi blanche,
revêtue de verre sérigraphié représentant
les Faux de Verzy, fameux hêtres aux
branches tortueuses poussant
exceptionnellement sur le territoire
de Verzy, village de la montagne de Reims.
Les formes graphiques entremêlées
et s’étalant sur une vaste horizontale
peuvent rappeler les tracés d’une écriture
archaïque : celle des premiers glyphes
et idéogrammes de l’histoire humaine,
très proches des formes de la nature.
Rappelant le plat d’une couverture
de livre, la façade sud très inclinée
est, par contre, percée de fines fentes
de lumière horizontales, cadrant des vues
sur la montagne. Ces percements tel
un code binaire renvoient à l’écriture
numérique, à l’opposé de la sérigraphie
sur verre de la face nord. Un haut mat très
fin, symbolisant un stylet, perce ce même
pan incliné sud, semblant exprimer
la relation entre la tradition et la modernité
de l’écriture. La bibliothèque à l’architecture
fonctionnelle, spacieuse et lumineuse
s’inscrit ainsi dans un élan vers l’avenir.
Cette architecture métaphorique constitue
un hymne à la lumière du soleil au sein
d’un espace grandiose, celui de l’Université,
dont la raison fondamentale est de créer
et diffuser une autre lumière,
celle de la connaissance.
Sarah Hinnrasky Charlier