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Équipement : Enseignement,
amphithéâtre
et administration.
Architectes : Téqui-Pointeau Architectes et Alain Manoïlesco pour la partie
contemporaine ; Philippe Delaforce pour la partie XVIIIe siècle.
Date : 1993, pour la partie contemporaine; 1702-1764 pour la partie XVIIIe siècle (Le bâtiment originel
vers 1158 et 1270).
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CUT, CENTRE UNIVERSITAIRE
DE TROYES
Du XIIe au XXe siècle, l’évolution d’un site, dédié longtemps aux soins du corps, et aujourd’hui voué à l’élévation des esprits et à la culture.
L’université : un lieu tourné
vers la culture
En 1993, l’Hôtel-Dieu a accueilli le Centre Universitaire de Troyes, antenne de l’Université de Reims-Champagne- Ardenne. Dans le prolongement des bâtiments du XVIIIe siècle, un édifice moderne a été construit, d’une superficie de 5000 m² contenant trois amphithéâtres, un forum, des salles de classe ainsi que différents services administratifs. Il est l’oeuvre des architectes Jacques Téqui, Olivier Pointeau et Alain Manoïlesco. Leur travail a permis, par une réflexion sur la mise en place d’articulations nouvelles entre les vieux bâtiments, de rendre visibles nombre d’éléments jusqu’ici cachés par un mur d’enceinte. C’est un bon exemple d’intégration de l’architecture contemporaine au sein de bâtiments anciens. Plusieurs formations universitaires (Anglais, Histoire, Droit, A.E.S, L.E.A, Métiers de la Culture...) y sont proposées ; l’établissement accueille environ 1200 étudiants.
HÔTEL-DIEU-LE-COMTE
Contexte historique
Situé au coeur de la vieille ville, dans
le quartier de la Cité, l’Hôtel-Dieu-le-Comte
est implanté dans un quartier où la culture
et le patrimoine sont omniprésents
et où subsistent l’Hôtel du Petit Louvre,
le Musée d’Art Moderne ainsi que la Place
Saint-Pierre, la Cathédrale, le Musée Saint-
Loup, Musée des Beaux-Arts, d’Archéologie
et Muséum d’Histoire Naturelle, implanté
dans l’ancienne abbaye Saint-Loup.
L’Hôtel-Dieu-le-Comte a été construit
par Henri Ier vers 1158, à une époque
où le comté de Champagne connaît
un important essor commercial et politique.
Il fut érigé à l’emplacement des remparts
gallo-romains, à proximité du palais
des Comtes de Champagne aujourd’hui
disparu. Cet hôpital, d’abord appelé
« Maison-Dieu de Saint-Etienne »,
était réservé aux malades, aux pauvres,
aux femmes en couches, aux enfants
trouvés et aux voyageurs et était géré
par la communauté de Saint Augustin.
Les premiers bâtiments ont été édifiés
sur les vestiges de l’enceinte de la ville,
surélevée et fortifiée par des tours
au Moyen-âge. La terrasse actuelle,
aménagée au XVIIIe siècle au sud
de l’Hôtel-Dieu, est certainement
un vestige de cette fortification.
À partir de 1270 et grâce à la générosité
du chevalier Renaud de Bar-le-Duc
de nouvelles constructions sont ajoutées.
De 1482 à 1494, les bâtiments tombent
en ruine et sont restaurés. Entre la chapelle,
située au sud, et la rue de la Cité,
se trouvait un bâtiment appelé
« Enfermerie », destiné aux malades
mentaux les plus dangereux.
Au XVIIIe siècle, une grande campagne
de travaux est lancée afin de reconstruire
l’Hôtel-Dieu devenu vétuste.
Les bâtiments actuels ont été conçus
par l’ingénieur Philippe Delaforce :
dès 1702 il abaisse le terrain et abat
les bâtiments ; en 1733 sont installées
des fondations qui reposent sur pilotis.
Delaforce projette de faire construire
un vaste corps de logis principal et
deux ailes en retour, faisant face à la rue
de la Cité. La construction de l’actuel
Hôtel-Dieu a duré 62 ans et a coûté
au total 380 000 livres. Aujourd’hui
il couvre environ 12 000 m2 de terrain.
Architecture
La cour d’honneur et la grille.
La cour d’honneur est entourée
sur trois côtés de bâtiments présentant
une belle façade classique et fermée par
une magnifique grille de style Louis XIV.
Cette grille fut commandée en 1760
à un serrurier parisien, Pierre Delphin.
Elle coûta 34 000 livres. Elle s’étend
sur 34 mètres de long et est surmontée
par une couronne royale ainsi que
par une croix qui s’élève à 12 mètres.
Elle est décorée de plusieurs blasons,
celui des armes de France,
entouré du cordon du Saint Esprit,
de celui de Saint Michel,
de celui de la ville de Troyes,
de celui du gouverneur et lieutenant
général des provinces de Champagne
et de Brie et de ceux de certains
notables donateurs. À la fin de l’année
1935, une première restauration
de la grille couverte de rouille est
effectuée. Depuis 1885, elle est classée
aux Monuments Historiques. En 2006,
elle a été à nouveau restaurée.
L’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu.
En 1702, les directeurs de l’hôpital
construisent un nouveau corps de logis
en pierre le long du ru Cordé.
C’est l’actuel musée de l’apothicairerie
qui possède une collection exceptionnelle
de 319 boîtes médicinales en bois peint,
appelées silènes, classées par
les Monuments Historiques de 1958.
Cette officine a servi de pharmacie
jusqu’en 1962.
Sur le mur de la rue de la Cité on voit
encore un fragment d’inscription :
ENFA[NT], vestige du Tour des Enfants
trouvés, sorte de tourniquet où jusqu’en
1789, on pouvait déposer les enfants
abandonnés dans l’espoir qu’ils seraient
recueillis par l’hôpital. La chapelle érigée
en 1758 conserve sur sa façade
deux cadrans solaires.
Des jardins médiévaux au cœur de Troyes.
Les jardins de l’Hôtel-Dieu, « herbularium »
médicinal, sont probablement présents
dès le Moyen-âge à la place de l’actuelle
terrasse. Les jardins actuellement
reconstitués dans la cour d’honneur sont
encore garnis de plantes médicinales.
Le long du Quai des Comtes de Champagne
a été restaurée une ancienne grange
devenue depuis 2013 la « Cité du Vitrail ».
Danielle Quéruel